RIEN NE VA PLUS...
Il y a seulement quelques mois encore, je refusais de croire les propos alarmistes de plusieurs médias sur l'état actuel de notre économie. Plus précisément, sur le "pouvoir d'achat des Français de plus en plus amputé par une hausse constante des prix". Pourquoi refusais-je de la croire ?
À cause principalement de mon éducation. Avoir pour mère une femme courageuse qui a su faire face seule aux mauvais aléas de la vie, financièrement et psychologiquement, tout en élevant seule trois enfants, forcément, ça marque. Surtout quand elle vous inculque pendant de nombreuses années "qu'il ne faut jamais être au chômage", "ne jamais compter sur l'Etat pour faire quoi que ce soit", et surtout "ne pas avoir d'emmerdes avec les banques" via des découverts et autres emprunts.
Du coup, depuis maintenant six ans que je suis véritablement autonome (je viens d'avoir 26 ans), je suis ces conseils. Mais malheureusement, même si je me dis "allez, on peut se mettre à découvert ce mois-çi...", une autre voix, beaucoup plus insidieuse me dit "c'est fini, tu rentres dans le cercle infernal... jamais tu ne t'en sortiras"... Voyez mon point de vue sur l'argent : flippant, non ?
Seulement, le résultat est là : je touche un salaire plutôt correct pour mon âge (je suis Français, excusez-moi alors de garder ça pour moi... ;-) ) mais depuis quelques mois, rien ne va plus. Oh certes, j'habite (avec énormément de chance) maintenant un deux pièces de 35 m2 dans le 17e arrondissement de Paris (Batignolles-Cardinet) après trois années et demi passées dans un studio de 18 m2 sous les toits à quelques mètres de là (imaginez ce que j'ai vécu pour la canicule en 2003...). Mon confort de vie c'est nettement amélioré à coup sûr, au détriment d'énormément de choses...
Tout d'abord, je suis célibataire... OK, mon appart est tout à fait vivable si j'étais en couple, mais je ne le suis pas. Forcément, toutes les charges sont à payer seul. Jusque là, ok. Les impôts ? Ils représentent honteusement pratiquement 20% de ma paie ; autant vous dire que quand Villepin a annoncé une réforme de l'impôt sur le revenu qui va profiter aux salaires entre 1000 et 3000 euros, j'ai sauté au plafond ! Mais à côté de ça, tout a augmenté : la carte orange, la bouffe, les sorties... Tout, sans exception. A en arriver à un point où je n'ai plus les moyens d'épargner quoi que ce soit (pas même une petite somme), ni même de sortir (mon dernier resto remonte à Mathusalem si je fais abstraction de celui de fin août qui m'a été offert par un ami -coucou Laurent !-). C'est dire !
En plus, que de galères ce mois-çi : forcément, on commence (comme pratiquement 95% de Français en Septembre) avec un découvert dû aux vacances qui impute notre paie. Mais comme si ça ne suffisait pas, voici ce qui m'est arrivé en seulement quelques jours : j'ai perdu ma carte orange (chouette ! 51 euros à la poubelle, qu'il va falloir repayer), ma banque me crédite 40 euros de carte bleue (c'est une fois par an, en Septembre et je l'avais complètement oublié), je dois aller rejoindre mon frère et sa famille à Colmar (90 euros de billets SNCF, complètement zappés dans mon budget) et enfin, Wanadoo-MaLigne Viso me débite 33 euros sur le compte au lieu des 21 euros habituels à cause d'une défaillance technique... Chouette ! À l'heure actuelle, tout prélèvements confondus jusqu'à la fin du mois, je suis à 90 euros de découvert... Et il reste deux semaines à vivre.
Alors j'ai pensé à l'impensable : et si je rachetais mon emprunt banquaire (de sorte à faire rentrer un peu de cash) ? Mais au moment où ma charmante banquière décroche le téléphone, c'est le crac : je lui en parle et décide au dernier moment de me rétracter, de peur de jamais finir de le rembourser. Alors du coup, la solution a été trouvée : mon découvert autorisé qui s'élevait à 300 euros (ben oui, l'éducation de ma mère : imposer des barrières) vient de passer à 500 euros, "au cas où". Mais le plus dingue, c'est que ma banquière m'a pratiquement forcé, en échange, de m'imposer une épargne. Texto : "je ne raccrocherais pas tant qu'on aura pas décidé d'une épargne ! Vous avez 26 ans, aucune épargne, aucun argent de côté, il faut très sérieusement y penser !".
C'est tombé comme une guillotine. Inutile de vous dire que j'ai gagné la partie et que j'ai réussi à m'engager sur rien. Sauf qu'en raccrochant elle m'a bien dit : "on reparlera en fin d'année". Aie, aie, aie.
Déjà qu'il y a quelques mois j'ai appris que je ne pourrais jamais devenir propriétaire (aucun apport, pas de grand-parents ni de parents pétés de tunes), ma banque m'a bien fait comprendre qu'il fallait que je réagisse. Mais comment ? Qu'on me le dise !
Avant je me payais 1 DVD par semaine ; le dernier remonte à début juillet ! Avant, je claquais pour au moins 150 euros de fringues ; maintenant, la dernière fois que j'ai acheté des fringues remonte à Janvier, pour les Soldes ! Mais aussi plus de sorties, plus de restos... bref, presque rien. Attention, c'est pas la cata non plus, j'arrive quand même à me démerder et à conserver une vie sociale... le portefeuille en moins.
Mais le pire dans cette histoire, c'est d'avoir à PERPÉTUELLEMENT se justifier. J'en ai marre des questions, venant de fils de riches, de couples aisés ou de gens qui ont oublié cette période de leur vie du style : "mais comment ça se fait ?", "c'est pas possible, t'exagères"... Et bien non, j'exagère pas. Et je vous avoue que j'ai l'impression que la situation est en train de m'échapper de plus en plus. En plus, mon meilleur ami (salut Stéph !!) débarque en Novembre chez moi ; du coup, je dois impérativement acheter une table et 4 chaises (un salon en fait)... chose que je repousse depuis des mois faute d'argent. J'ai vraiment l'impression de stagner, de plus en plus. Suis-je le seul sur Paris ? Ou même dans d'autres villes ? Je ne sais pas si je dois ressentir de la honte face à cette situation ou si je dois succomber aux sirènes des découverts bancaires pour pouvoir mieux vivre sans me priver ?
J'en sais rien, et sachez-le, tout seul, c'est dur, vraiment très dur. A quoi ça sert de bosser et de gagner un bon salaire si on en profite pas ? Heureusement, j'ai ce blog qui m'aide à tenir mes longues soirées, faute de sortir. La situation n'est pas non plus catastrophique mais j'en suis au point d'en arriver à attendre avec impatience Novembre et Décembre, mois où je récupère mes impôts et, si tout ce passe bien à mon boulot, de toucher mon 13e mois fin Décembre. Seulement c'est qu'une fois par an, à la fin de l'année : il faut bien tenir les 10 autres mois...
Faut vraiment que je fasse autre chose de ma vie ; ça devient urgent.